Comment sont les libertés civiques dans votre pays?

Onze pays déclassés dans un nouveau rapport international sur les libertés civiques
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  • Un nombre croissant de personnes vit dans des pays classés comme « fermés », « réprimés » et « obstrués »
  • Les pays déclassés comprennent les États-Unis, les Philippines, la Guinée, la Slovénie et l'Irak.
  • Les principales violations incluent la détention de manifestants, la censure et les attaques contre des journalistes.
  • Les libertés d'expression, d'association et de réunion pacifique se sont détériorées pendant la pandémie de COVID-19.

Les libertés fondamentales d'association, de réunion pacifique et d'expression continuent de se dégrader dans le monde entier selon un nouveau rapport publié aujourd'hui par CIVICUS Monitor, un projet collaboratif de recherche qui fait un suivi des libertés fondamentales dans 196 pays. Ce nouveau rapport intitulé « Le pouvoir du peuple attaqué 2020 », montre que le nombre de personnes qui vivent dans des pays imposant d'importantes restrictions sur l’espace civique continue d'augmenter d'année en année.

Désormais, 87 % de la population mondiale vit dans des pays considérés comme « fermés », « réprimés » ou « obstrués », soit une augmentation de plus de 4 % par rapport à l'année dernière. Plus d'un quart de la population mondiale vit dans des pays se trouvant dans la pire catégorie, celle des pays « fermés », où l’on permet régulièrement que des acteurs étatiques et non étatiques emprisonnent, blessent et tuent des personnes pour avoir tenté d'exercer leurs libertés fondamentales. La Chine, l'Arabie saoudite, le Turkménistan et vingt autres pays se trouvent dans cette catégorie.

La pandémie de COVID-19 a eu des conséquences désastreuses sur les libertés civiques partout dans le monde. En temps de crise il est fondamental de disposer d’un espace de dialogue ouvert et constructif entre les gouvernements et la société civile, ainsi que d’avoir un accès à des informations rapides et fiables. Cependant, nos recherches montrent que les gouvernements ont emprunté une autre voie et qu'ils utilisent la pandémie comme une opportunité pour introduire ou appliquer des restrictions supplémentaires sur les libertés civiques.

Nos données montrent que la détention de manifestants et l'usage excessif de la force à leur encontre sont les tactiques les plus couramment utilisées par les autorités gouvernementales pour restreindre le droit de réunion pacifique. Même s'il s'agissait d'une violation fréquente au cours de l'année dernière, les autorités ont utilisé la pandémie comme un prétexte pour restreindre davantage ce droit. La censure, les attaques contre des journalistes et le harcèlement et l'intimidation des défenseurs des droits de l'homme ont également été des tactiques courantes documentées tout au long de cette année.

« L'usage de la détention comme tactique principale pour restreindre les manifestations ne fait que montrer l'hypocrisie des gouvernements, car ils utilisent la COVID-19 comme un prétexte pour réprimer les manifestations et le virus se propage plus facilement dans des espaces restreints, comme les prisons », affirme Marianna Belalba Barreto, responsable de la recherche sur l'espace civique chez CIVICUS. « Notre recherche reflète une crise croissante de l'espace civique dans le monde et met en évidence la façon dont les gouvernements utilisent la pandémie comme excuse pour restreindre davantage les droits, notamment en adoptant des lois qui criminalisent l'expression. »




Cette année onze pays ont été déclassés et seulement deux ont vu leur classement s'améliorer. Le CIVICUS Monitor est particulièrement préoccupé par les restrictions pesant sur l'espace civique dans les Amériques, où quatre pays sont descendus de catégorie — le Costa Rica, le Chili, l'Équateur et les États-Unis —. La détérioration de l'espace civique en Afrique de l'Ouest est également alarmante et quatre pays — la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Niger et le Togo — sont passé de la catégorie « obstrué » à celle de « réprimé ».

Le déclin des droits démocratiques et civiques en Europe est de plus en plus préoccupant. D'ailleurs, la Slovénie a aussi été déclassée. La dégradation de l’espace civique en Asie demeure une source de préoccupation, les Philippines étant passées de la catégorie « obstrué » à celle de « réprimé ». La région MENA compte le plus grand nombre de pays dans la catégorie « fermé » et un pays de plus est venu s’ajouter à la liste, l'Irak passant de la catégorie « réprimé » à celle de « fermé ».

Avec des améliorations limitées mais toujours bienvenues, la RDC et le Soudan ont amélioré leurs classements et sont passés de la catégorie « fermé » à celle de « réprimé ».



« Cette année dans la plupart des régions le panorama des libertés civiques semble sombre. À un moment où les droits civiques sont plus que jamais nécessaires pour demander des comptes aux gouvernements, les opportunités pour le faire se font de plus en plus rares. Il est essentiel que les gouvernements progressistes travaillent en étroite collaboration avec les défenseurs des droits de l'homme et avec la société civile pour mettre un terme à cet engrenage pernicieux et pour repousser les forces autoritaires à l'œuvre », affirme Belalba Barreto.

Sans se laisser décourager par les restrictions, les défenseurs des droits de l'homme et la société civile continuent de travailler, de s'adapter et de résister. Les manifestations de masse ont souvent été le facteur clé ayant conduit à des changements positifs. Au Chili, des manifestations de masse ont forcé le gouvernement à organiser un référendum pour changer la constitution. Aux États-Unis, certains états se sont engagés à démanteler ou à entreprendre une réforme structurelle de leurs forces de police à la suite des manifestations Black Lives Matter. Au Malawi, des mois de manifestations ont conduit pour la première fois à l’annulation de l'élection présidentielle, à la tenue de nouvelles élections et à la passation du pouvoir.

Plus d'une vingtaine d'organisations collaborent au sein du CIVICUS Monitor afin de fournir une base empirique pour les actions visant à améliorer l'espace civique sur tous les continents. L'année dernière le Monitor CIVICUS a publié plus de 500 mises à jour sur l'espace civique, lesquelles sont analysées dans le rapport « Le pouvoir du peuple attaqué 2020 ». L'espace civique de 196 pays est classé dans une des cinq catégories disponibles, soit fermé, réprimé, obstrué, rétréci ou ouvert, selon une méthodologie qui combine plusieurs sources de données sur les libertés d'association, de réunion pacifique et d'expression.

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